Publié sur LinkedIn le 27 juillet 2025.
Morgue, brutalité, étalement de puissance, contrôle total de la scène et de la scénographie, ont donc fait le saut depuis le bureau ovale pour venir prendre brièvement leurs quartiers dans ce golf privé en terre supposément écossaise. D’entrée, le cadrage de ce qu’il est difficile de qualifier de « négociation » ou de « deal » a été édicté : « Il reste quelques points détail, j’ai une heure pas plus, c’est ça ou ce sera bien pire ».
Comme sur un strapontin, l’ombre pâle de la représentante de l’Europe. Surtout ne pas indisposer l’irascible, ne rien faire, tout accepter. Une capitulation molle de bon aloi est toujours moins pire que l’affront fait à Zelensky. Laisser dire que les Etats-Unis sont les seuls à aider Gaza. Ne pas évoquer la question des services. Faire de la figuration et reprendre les mots mêmes du plus grand homme qui ait jamais vécu sur Terre. Lui offrir une belle séquence de télé. En priant en silence qu’il nous laisse quand même quelque chose quand l’heure de la signature sera venue.
Comme vient de le dire un observateur, cette séquence sera à étudier dans toutes les écoles de gestion et de « négociation ».
Certes, on met en avant que l’on a évité les droits à 30% et que l’on a gagné, au moins pour un temps, un peu de stabilité. L’Allemagne se réjouit. L’Italie, plus prudente, tout en se félicitant qu’il y ait un accord, attend surtout de voir les détails.
On pourra aussi se défendre en soulignant qu’on ne pouvait rien faire de mieux quand on a trop peu de cartes en main, qu’on est trop dépendant en matières numérique, énergétique, géostratégique… Que la Présidente ne pouvait qu’accepter cette rencontre (« convocation » ?) en terre américaine plus qu’écossaise, sur le golf privé de DJ Trump. Ne pouvait qu’accepter cette conférence de presse déséquilibrée, organisée pour valoriser le seul président des États-Unis. Ne pouvait que subir avec grâce.
Mais quel spectacle ! Tellement révélateur de l’impuissance d’un continent aucunement préparé à naviguer dans un monde de furies et de fureurs.
Ce qui n’a pas été fait depuis des années, des semaines, est à corriger avec force et imagination. À défaut, le monde entier aura compris que ce super-marché désuet, aux rayons en conflits permanents, dépassé dans ses ambitions comme dans ses organisations, ses compétences comme ses préparations, attend seulement d’être dépecé.